Ce projet résulte d’une recherche personnelle sur le mouvement et la parole, sur la manière de bouger et la manière de dire. Aujourd’hui c’est à travers l’œuvre de Shakespeare que se reflète cette recherche. Comment traduire cette langue par le corps? Comment cette langue traverse-t-elle le corps et comment en ressort-elle renouvelée?

L’œuvre de Shakespeare et plus particulièrement le Songe d’une nuit d’été, regorge  d’intrigues où se mêlent nombres d’images de par les espaces, les personnalités des personnages et les atmosphères fantastiques. J’ai à cœur de les retranscrire sur scène afin d’explorer au mieux une esthétique visuelle originale de l’œuvre, une esthétique qui m’est propre. Dans ce texte, ce qui m’a le plus marqué est cette notion de contradiction. Les personnages sont constamment tiraillés par leurs propres sentiments. Il m’est paru évident de représenter cela de façon imagée de par les costumes et la gestuelle.

Ici, oublions la naïveté des contes et des fées. Le monde de la forêt est un monde sauvage et primitif. Bien que les fées apparaissent comme des personnages légers de l’œuvre shakespearienne, elles sont pourtant le cœur de l’œuvre : des êtres qui érigent et dirigent l’espace de la forêt et ceux qui l’habitent. Personnages de terre, personnages de l’air, elles sont aussi un point de contradiction et de tiraillement. Quant à la troupe d’artisans, ces  personnages désinvoltes, ils nous offrent l’opportunité d’allier le corps théâtral presque grotesque au corps dansé et poétique.

Mon travail repose essentiellement sur de l’improvisation dansée et théâtrale. C’est à travers ces improvisations que chaque danseur/comédien dévoile son personnage et  explore sa personnalité afin d’atteindre justesse et puissance de caractère. Les chorégraphies sont donc inspirées d’un geste produit, d’un mouvement évoqué ou d’un sentiment exprimé lors du travail au plateau. Le projet n’est plus une création de ma propre imagination mais une création inspirée d’un travail collectif.